👊N°42: Oui au modèle économique & féministe espagnol!
Voyage dans un pays progressiste qui remet les femmes au centre. En France, partage de la valeur, congé parental revisité, enseignantes fauchées, Dim in France, fake clothes et plafond de vieilles.
Sommaire N°42
💪 Pourquoi on aime tant le modèle économique & féministe espagnol ?
Une volonté politique forte
Des lois historiques contre les violences conjugales, dont économiques
Une loi récente sur la parité en entreprise
Un congé menstruel
Des changements sur le marché du travail
Une réforme des retraites plus équitable
Un ISF temporaire
🌳 Goodvest, la pub utile
Le sac de voyage de Plan Cash
💸 News de la levée de fonds Plan Cash !
🐓 À picorer
Les 9 actus qui TE concernent : hausse des salaires, partage de la valeur, congé parental revisité, enseignantes fauchées, Dim in France, fake clothes, plafond de vieilles et croissance.
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Léa Lejeune
Pourquoi on aime tant le modèle économique & féministe espagnol ?
Pays de tradition catholique, l’Espagne est le pays qui a lutté le plus rapidement contre les inégalités de genre ces dernières années, d’après le rapport du World Inequality Lab. De mémoire de féministe, je me souviens du moment où le pays a appliqué la première salve de lois contre les violences conjugales appelées alors “féminicides” en 2003 et 2004. On avait l’impression qu’un pays conservateur se mettait au diapason de l’égalité, et que, de l’autre côté des Pyrénées, nous n’avions pas besoin de ça. Pourtant aujourd’hui, c’est nous qui devrions nous inspirer de ce pays latin qui mixe réformes économiques et féministes pour plus d’égalité, et dont les mentalités ont pris de l’avance. D’après les derniers sondages Ipsos, seulement 9% des Espagnoles estiment que les hommes sont davantage “capables que les femmes”… contre 15% des Françaises, ou 50% des Chinoises et Russes. D’ailleurs, 63% des Espagnol.e.s tous genres et âges confondus se disent « féministes » contre 58% des Occidentaux en moyenne. Une longueur d’avance qui s’étire. Comment ce pays frontalier a-t-il fait de tels progrès ?
1 – Une volonté politique forte
💪 C’est le premier pilier : une volonté politique forte de lutter notamment contre les violences faites aux femmes depuis 20 ans. Ces dernières années, le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez se disait lui-même “féministe” et comptait plus de femmes que d’hommes membres du gouvernement, gouvernement composé aussi de personnalités du mouvement Podemos, dont la ministre de l’Égalité Irene Montero.
Les élections législatives du 24 juillet risquent de rebattre les cartes puisque le conservateur Parti populaire est passé devant les socialistes avec une courte majorité. La gauche a encore une chance de l’emporter si elles arrivent à s’allier avec les partis indépendantistes basque et catalan pour former un gouvernement. À suivre…
2 – Des lois historiques contre les violences conjugales, dont économiques
🥊 Dès 2003, les premières lois contre les violences faites aux femmes misent sur une formation spécifique des experts judiciaires, et de la police, la prise en compte de la parole des victimes, ainsi qu’un gros effort sur les représentations de ces violences dans les médias qui sont des faits de société et non d’amusants faits divers*. Depuis 2017, le précédent gouvernement espagnol a alloué plus d’un million d’euros en 5 ans sur ce sujet. Il a mis en place 290 mesures comme la lutte contre les violences et le harcèlement en entreprise, le financement de places d’hébergement d’urgence pour les victimes, ou encore l’autorité parentale exclusive. En octobre 2022, une loi sur le consentement explicite dans les rapports sexuels renforce l’indépendance des femmes. Surtout, dans ce paquet de mesures, plusieurs renforcent l’indépendance économique des femmes (aides sociales et banques). L’Espagne dépense 16€ par habitant et par an pour l’accompagnement judiciaire de ces victimes de violences conjugales, contre 5* en France.
🤝🏻 Les résultats sont concluants. Depuis 2004, le nombre de féminicides a baissé de 25% en Espagne, pour se porter à 2 fois moins qu’en France. L’an dernier, seulement 47 Espagnol.e.s ont été victimes de meurtres conjugaux, soit une baisse de 42% depuis 2006. Mais cela coûte cher. Il n’en fallait pas plus pour que l’extrême-droite locale rêve de supprimer une partie des aides aux femmes victimes de violences conjugales. Un bémol cependant, les aides sociales familiales sont moins nombreuses en Espagne qu’ici…
3 – Une loi récente sur la parité en entreprise
🙋♀️ La place des femmes en entreprise est plutôt encourageante en Espagne. Les écarts de salaires, tous postes et contrats confondus, ne sont que de 14%, selon Eurostat, contre 16,2% en moyenne dans l’Union Européenne. Les femmes touchent 39,6% des revenus du travail dans le pays, contre 24,7% dans les années 90. Elles sont mieux représentées que les Françaises en politique. Et composent 40% des effectifs de chercheurs, contre 27% en France, selon l’Unesco. La loi de mars dernier oblige les entreprises à avoir 40% de femmes dans les conseils d’administration, 40% du sexe non représenté dans les postes non exécutifs d’une entreprise de plus de 250 personnes, ainsi que 40% de femmes dans les instances de représentation des métiers ou les conseils de l’ordre. L’Espagne pourrait vite rattraper la France dans ce domaine, où nous sommes effectivement exemplaires.
4 – Un congé menstruel
🔴 Cette mesure a fait couler beaucoup d’encre. La loi du 16 février 2023 met en place un congé menstruel “en cas de règles incapacitantes” liées, par exemple, à “des pathologies comme l’endométriose”. Bonne idée sur le papier, cette mesure pourrait comporter un risque pour l’emploi des femmes… devenues des salariées moins fiables aux yeux des employeurs. Ce changement s’inscrivait dans une loi plus générale sur l’accès à l’avortement, votée en même temps que celle permettant de changer de genre dès 16 ans.
5 – Des changements sur le marché du travail
💼 Alors que de nombreux pays européen optent pour une libéralisation du marché du travail, l’Espagne fait le chemin en sens inverse. En décembre 2021, elle a adopté une loi pour lutter contre les abus du travail temporaire. Le CDI est devenu le contrat de droit commun et le CDD a été encadré pour s’appliquer seulement à un accroissement de travail temporaire. Finie donc la situation de serveurs et serveuses qui enchaînaient les contrats d’une semaine renouvelés dans le même restau. En parallèle, syndicats, patronat et État ont passé un accord pour augmenter les salaires de 4% en 2023, puis de 3% en 2024 et 2025.
👩⚕️ En 2022, une nouvelle loi est venue aligner les droits des travailleurs et travailleuses domestiques sur ceux des autres salariés. Car ces personnes, à 95% des femmes, n’étaient pas soumises au même droit du travail ! Ainsi, 370 000 personnes ont obtenu le droit aux allocations chômage, une protection en cas de faillite de l’employeur, la sécurité sociale et l’interdiction de licenciement sans motif valable. Pour plus d’équité, ces droits sont compensés par une remise de 80% sur les cotisations patronales de ces employeurs individuels. Enfin, le gouvernement veut étudier les maladies professionnelles spécifiques dans ces métiers du soin. C’est donc un grand pas pour la reconnaissance du travail du “care”. D’ailleurs, c’est aussi en Espagne qu’en mars dernier, une femme, Ivana Moral, a obtenu 200 000€ d’indemnisations après son divorce pour compenser 25 ans d’inégalités et de travail gratuit dans son couple !
6 – Une réforme des retraites plus équitable
👵🏻👵🏽👵🏿 En mars, alors que la France était traversée par des grèves d’ampleur, l’Espagne faisait passer crème sa propre réforme, pourtant portée par le gouvernement socialiste. Là-bas, l’âge de départ à la retraite à taux plein ne fait plus débat depuis longtemps, il est fixé à 67 ans. Comment faire accepter une telle réforme dans un contexte de perte de pouvoir d’achat ? En associant tous les contribuables. La réforme espagnole organise une plus grande contribution des hauts revenus aux cotisations retraites, un “mécanisme d’équité intergénérationnelle”, une hausse de contribution pour les employeurs et la mise en place d’un “fonds de réserve” pour éponger le départ en retraite des baby-boomers. Dit comme ça, ça passe mieux.
7 – Un ISF temporaire
💰 Après la pandémie, le pays a dû lui aussi mettre en place un plan de relance de l’économie, bientôt suivi d’une crise inflationniste. Alors que la France venait de supprimer l’impôt sur les grandes fortunes, l’Espagne a, au contraire, mis en place une taxe exceptionnelle de 2 ans sur les patrimoines supérieurs à 3 millions d’euros pour “mettre les riches à contribution”. Le gouvernement a aussi augmenté d’un point l’impôt sur le capital. Une autre piste intéressante alors que les détenteurs d’actions avaient bénéficié du marché haussier post-pandémie. Autant de mesures qui montrent que l’économie – et la prise en compte du social – est bien une question politique.
On regrette que la France ne voit pas sa voisine du Sud comme un exemple à suivre… Sur ce, je migre cette semaine vers la frontière basque espagnole à Hendaye, passer une tête à Hondarribia et San Sebastien. Bonnes vacances les PCR. 🌞
*Nous l’avions étudié dès 2016 au sein de l’association des femmes journalistes Prenons la Une, avec la venue à Paris de la chercheuse Pilar Lopez Diez.
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💸 Hissez haut, les salaires ! Selon l’étude de l’Observatoire annuel des rémunérations du cabinet de conseil en ressources humaines LHH, les salaires progressent de 4,7% en moyenne dans le secteur privé cette année. Ils se rapprochent donc de l’inflation. Bonne nouvelle : il y a eu plus d’augmentations générales ou collectives des salaires cette année, donc pas seulement des négociations favorables aux cadres.
✂️ 🍰 Partage de la valeur. Fin juin, les député.e.s ont examiné le projet de loi sur “le partage de la valeur”, transposition d’un accord entre patronat et syndicats pour redistribuer plus équitablement les bénéfices et actions des entreprises qui réussissent. Ce paquet de mesures contribuera à la hausse du pouvoir d’achat des entreprises. Il nous rappelle le concept de “socialisme participatif” prôné par Thomas Piketty. Pour Oxfam, ça ne va pas assez loin.
🍼 Congé parental revisité. La nouvelle ministre des Solidarités, Aurore Bergé, annonce qu’elle veut réformer le “congé parental”, celui qui prend le relai après le congé maternité et/ou second parent. Elle propose de le raccourcir et de mieux l’indemniser. Si elle est bien réalisée, cette mesure permettrait de mieux rémunérer les mères qui s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants sur plusieurs mois, souvent parce que ça permet d’économiser sur des frais de garde. Une meilleure rémunération pourrait aussi favoriser la prise de ces congés facultatifs par les pères. Bref, on croise les doigts pour un rééquilibrage égalitaire.
👩🏫 Enseignants augmentés, enseignantes fauchées. Le pacte enseignant qui devait relancer le pouvoir d’achat des profs entre en vigueur à la rentrée 2023, mais il risque de laisser sur le bas-côté les mères. Il est en effet construit sur une logique d’heures supplémentaires rémunérées, le fameux “travailler plus pour gagner plus”.
👙 Dim in France. La marque de culottes et collants annonce la relocalisation de la quasi-totalité de sa production. Ce sont donc 19 millions de paires de collants qui vont quitter l’Allemagne pour l’Hexagone. Une bonne nouvelle pour cette industrie, datant de 1953, qui emploie 600 personnes.
🙉 Solutionnisme. Le groupe LVMH vit bien avec une hausse des ventes de 17% et une hausse des profits de 17%, grâce à l’international et au marché chinois notamment. Dans une interview du Figaro fin juin, on a découvert l’ampleur du climato-scepticisme, green-washing et solutionnisme technologique de Bernard Arnault. (Trop) optimiste, il annonce que “c’est par le progrès technologique qu’on enrayera l’élévation des températures, pas en stoppant le développement économique”. Mouais. Ici, on pense qu’une forme de sobriété est tout de même de mise, au cas où la technologie miracle ne puisse pas prolonger les limites planétaires… Plus loin, le patron de LVHM présente les objectifs de son entreprise dans une novlangue qui prête à sourire… Elle ne cherche “ni la croissance, ni le profit” mais bien “le développement de la désirabilité” des marques du groupe. “ Les clients ne viennent pas seulement dans les boutiques pour acheter, mais pour se cultiver”. Se cultiver en achetant un sac Vuitton, tout un concept.
👜 Fake clothes. En juillet, les grandes marques de luxe ont participé à des tables rondes à Bercy pour mettre en place un plan de lutte contre les contrefaçons. On attend le résultat…
👵🏽👵🏿👵🏻 Plafond de vieilles. Après le plafond de verre qui empêche la carrière de pas mal de femmes de décoller, notamment après l’arrivée des enfants, il existe un 2ème plafond de verre aussi sournois. Celui-ci pousse les femmes à arrêter leur activité professionnelle plus tôt que les hommes, et 42% des femmes se disent concernées. Il est lié à des raisons de santé et de bien-être, mais surtout de manque de soutien, en entreprise comme à la maison. Un exemple : les femmes ne se sentent pas à l’aise pour communiquer sur les symptômes liés à la ménopause.
📊 Croissance. Le FMI, pourtant roi du pessimisme, annonce que la croissance mondiale devrait finalement atteindre 3% cette année. C’est au-dessous de la tendance entre 2000 et 2019 de 3,8%, mais c’est pas mal dans un contexte d’inflation, de guerre en Ukraine, de hausse historique des taux d’intérêt et de faillites bancaires aux États-Unis ! C’est grâce au phénomène de rattrapage de la consommation post-Covid, à l’épargne accumulée pendant la période, aux plans de soutien gouvernementaux ainsi qu’à la bonne performance des entreprises qui ont augmenté leurs marges. La France va éviter la récession… mais au prix d’un déficit public élevé. 😳
😼 Harcèlement chez Publicis. Cette enquête de l’Informé fait état de plusieurs cas de discrimination et harcèlement moral chez Publicis ces derniers mois ayant abouti à des condamnations. Sa filiale RH Re:sources est même concernée par deux cas… alors que le groupe s’affiche en parallèle dans des campagnes de pub et de washing dont la fameuse “Working with cancer”.
Et si on faisait évoluer le monde de l'entreprise et de la formation pour que les familles (y compris élargies aux grands-parents, oncles, tantes...) puissent facilement concilier "travail familial" (garde de (jeunes) enfants, aidance de personnes dépendantes) et vie professionnelle ?
Quand un clan familial peut prendre soin de ses plus vulnérables, la société est plus forte (et en plus, cela coûte moins cher en prestations sociales !)