👊Pourquoi un média qui parle d’argent aux jeunes femmes ?

N°1 de Plan Cash - ligne éditoriale, financial feminists et infos de la semaine

déc. 15, 2021

✍️Édito

🤑Avez-vous déjà parlé d’argent sans gêne et sans retenir d’infos avec vos amis ? Parlé salaire avec vos collègues de boulot ? Ou lancé une conversation à cœur ouvert à vos parents et leurs difficultés financières ou leur fierté de vous léguer un héritage ? Annonceriez-vous combien vous gagnez sur les réseaux sociaux sans honte ? Probablement pas. L’argent est encore un tabou en France. C’est peut-être lié à l’importance historique de la religion catholique qui culpabilise les riches et glorifie le vœu de pauvreté. Ou bien à la romantisation très française du créatif aux fins de mois ric-rac mais qui exerce un métier passion. (C’est encore mon cas !😬) Ou à la stigmatisation de ceux qui se vantent d’être riches. C’est peut-être lié aux moqueries sur les “bobos” de gauche dont le portefeuille est bien garni 👛, mais le bulletin de vote rose, rouge ou vert.🗳️

Alors je suis embêtée, car je vais marcher sur une fine ligne pour vous parler d’argent, d’investissement, de féminisme et d’écologie. De gagner des sous et le combiner avec les valeurs qui importent pour les générations Y et Z. Beaucoup d’abonné·e·s veulent apprendre à investir pour la première fois, d’autres rêvent clairement d’un monde anticapitaliste. Je vais parfois agacer un camp, parfois l’autre. Je vais faire cohabiter rationalité économique et exigence politique. Certaines seront là pour les conseils concrets. Aux anticapitalistes en désaccord, je pourrais apporter 2-3 petites infos utiles en attendant le grand soir !

Mais surtout ouvrons le débat entre nous, lançons la conversation sur le fric. C’est un acte politique de parler d’argent en tant que femme. Surtout en France en 2021.

Dans l’avant-propos de Féminisme Washing : quand les entreprises s’approprient la cause des femmes, j’annonçais déjà ne pas être une féministe et une consommatrice parfaite. Mais penser que nos convictions politiques doivent orienter notre consommation. Et je m’agaçais quand les entreprises s’adonnaient au “féminisme washing” ou au “green washing”, sans mettre en cohérence les valeurs défendues dans la communication et les pratiques RH ou de fabrication.

🛒🛍️ “A chaque fois que vous dépensez de l’argent, vous votez pour le genre de monde que vous voulez”, résume Anne Lappé, activiste pour la justice alimentaire et la consommation durable.

Mon approche est celle d’une féministe réformiste, critique sur le capitalisme, mais pas révolutionnaire. Ne nous y trompons pas, je crois autant au capitalisme 100% vertueux et écolo qu’au Père Noël. 🎅 Mais je crois que les femmes devraient se saisir de cet outil d’émancipation ou d’indépendance qu’est l’argent et ne pas avoir honte d’en gagner. N’en déplaise aux “puristes” militantes.

Pourquoi les “financial feminists” sont-elles si nombreuses aux Etats-Unis ? Pas en France ?

💸 Aux Etats-Unis, les médias économiques à destination des femmes ont le vent en poupe depuis plusieurs années déjà. La plus célèbre est Tori Dunlap, aka la “Financial feminist”, ou @Herfirst100k. Avec ses clips au montage dynamique, ses musiques à la mode et sa verve directe, elle pèse 2 millions de personnes sur TikTok et 480 000 fans sur Instagram. Influenceuse financière, Tori distille des conseils boursiers dans ses vidéos, quand elle ne se vante pas carrément de gagner beaucoup de fric, façon féminise libérale. Son histoire fait fantasmer les Américaines, car elle promet de “combattre le patriarcat en rendant 1 million de femmes riches !” Sans jamais questionner le système.

The Financial Diet - traduire le “régime financier” – est plus discret avec ses 811 000 abonnées sur Instagram et son mantra plan-plan : “aider les femmes à parler d’argent pour vivre leur meilleure vie, quel que soit le budget”. En Grande-Bretagne, The Vestpod proposant des investissements des plus libéraux aux plus écolos, mais adaptés au contexte fiscal et économique local. Ces mini-médias prennent comme une traînée de poudre, car chaque jeune diplômée américaine doit rembourser sa dette étudiante dès son premier job, prévoir un gros budget en cas de pépin médical et penser à financer sa retraite.

Quoi de neuf avec Plan Cash média ?

👊💸 Plan Cash parlera donc d’argent et de tout ce qui est bon pour donner une culture financière aux meufs. Car en France, la culture économique est plus faible que dans d’autres pays développés de même niveau d’éducation. Nous n’avons même pas de cours de SES obligatoire, pas de cours d’économie domestique où on apprend à faire un budget dès le lycée. Elle adoptera donc un point de vue féministe plus “frenchie”. Abordable pour toutes, elle promet d’arrêter avec le jargon financier. C’est le média économique que j’aurais aimé lire. Franchement comment se passionner pour l’investissement, quand on nous parle de patrimoine (ou plutôt de “matrimoine” ?) ou d’assurance-vie (suis-je assez vieille pour m’intéresser à ça ?!🧙🏼) Comment rêver d’investissement quand le banquier se focalise sur le rendement au lieu d’expliquer que c’est une question de projets de vie, de tout mettre en place pour financer ses rêves ? 🏖️ Même s’offrir un voyage au bout du monde, s’installer en indépendante…ou prévoir l’après-rupture amoureuse. 💔 Investir est aussi synonyme de liberté future.

💰 Plan Cash s’adresse aux progressistes, aux meufs de gauche, aux entrepreneuses, aux minorités et aux personnes sexisées qui veulent comprendre l’économie, mettre le nez dedans. Quelles que soient leurs convictions, celles conscientes que les richesses sont concentrées dans les mains de nos mecs, nos potes et les vieux messieurs blancs de plus de 50 ans. D’après le dernier rapport du World Inequality Lab fondé par Thomas Piketty, les femmes ne gagnent que 35% des revenus mondiaux. Le gouvernement Français et les entreprises ne font pas assez pour la redistribution des richesses. Alors en attendant les prochaines pétitions ou manifestations, allons chercher la thune ! Aucun sujet fric, quel que soit le bord politique ou économique n’est ici tabou. Même l’anticapitalisme, le contradictoire est utile pour changer la conversation… (Ce barbu est sensé représenter Karl Marx 🧔🏻💪)

🎙️ Plan Cash veut parler aux générations Y et Z qui sont plus “slasheuses”, ne choisissent pas un boulot par fidélité à l’entreprise comme le raconte cet épisode de Travail en cours. Et sont plus engagées pour l’égalité femmes-hommes et l’écologie. 💪🌳 Elle veut accompagner les jeunes femmes surtout dans cette période économique fluctuante qui enchaîne crise drastique et reprise à tout berzingue ! Celles qui viennent tout juste d’être diplômées et peinent à dégoter un job, celles qui ont peur de ne pas s’en sortir financièrement avec l’inflation. Les démissionnaires (suivez mon regard 🙃). Celles qui veulent générer un revenu passif, le temps de “se retrouver”. Car les idées reçues sont fausses : il est temps, il faut investir le plus jeune possible pour que votre pactole grossisse !

Qui suis-je ? Quelle influence sur la ligne éditoriale ?

🐰 Journaliste économique et féministe depuis 2010, j’ai travaillé à Libération, à Challenges et Nouvelles Ecoutes. Je ne suis ni “un lapin de 3 semaines” comme aimait m’appeler un ancien collègue de travail bien sexiste, ni une conseillère financière.

💪 En 2014, j’ai cofondé l’association de femmes journalistes Prenons la Une pour une meilleure représentation des femmes et expertes dans les médias et l’égalité professionnelle dans les rédactions. Pendant 2 ans, j’ai siégé au Haut conseil à l’égalité femmes-hommes (HCE) qui écrit des rapports critiques sur la politique gouvernementale.

Fin octobre 2021, j’ai quitté mon poste au magazine Challenges pour monter ce mini-média qui parle d’argent aux jeunes de 20 à 40 ans – surtout aux jeunes femmes – avec un ton pédago, pas pédant, une ligne éditoriale féministe et des sujets inclusifs.

Pour raconter nos vies financières avec des études et des chiffres, je vais m’appuyer sur mon parcours de trentenaire. Je ne suis pas une “bourgeoise”, j’ai grandit dans une famille du bas de la classe moyenne à Bagnères-de-Bigorre, avec deux parents brocanteurs qui n’ont pas fait d’études supérieures. La plupart du temps, ça allait financièrement. Jusqu’à la séparation violente et le chômage de ma mère. J’ai étudié pendant 6 ans grâce à une bourse échelon 5, le maximum à l’époque. J’ai vécu plusieurs années en Cité U avec 750 euros par mois tout compris, en-dessous du seuil de pauvreté. Cela a forcément façonné mon rapport à l’argent. 🐜 J’étais une fourmi qui comptait les pièces pour les rares demis de blonde, mais se débrouillait pour épargner 5 euros par mois. Juste ça. J’avais déjà en tête de construire un capital. Certains amis diront que j’étais même “radine”. Vous voulez savoir comment le devient-on et comment on s’en sort ? Lisez-moi.😉

🏠 J’ai aussi attendu des années de rencontrer le Prince charmant 🤴🏽 pour acheter un appartement à deux.Problème, il ne s’est jamais pointé, mais j’ai voulu “acheter” pour faire comme les autres. Seule. Avec un salaire peu élevé de journaliste, j’ai réussi à investir un petit appartement à Belleville. Pas de bol, il est dans une copropriété en grande difficulté, ce qui en fait le pire choix d’investissement de ma vie. J’ai aussi rejoué Le nom des gens 🎥 en fricotant avec des mecs de droite et des “fils de”. Cela me permettra de raconter les difficultés des couples à parler d’argent et s’accorder sur la répartition des dépenses. Lucile Quillet ébauche le sujet dans son ouvrage Le Prix à payer. 📚 Surtout, j’ai longtemps pensé que l’argent n’était pas pour moi, mais pour les autres. Je me suis convaincue que mon rapport à l’argent était trop émotionnel, avant de découvrir dans les bouquins de psychologie économique que personne n’est exempté ! Voilà pourquoi, c’est du “développement personnel économique”.

Après ma rupture conventionnelle, j’ai obtenu un petit tas de billets que je cherche à investir dans des produits que je comprends avec un bon rendement, sans me faire prendre pour une pigeonne, et conformément à mes valeurs. Pas fastoche. A chaque rendez-vous, je consigne dans un carnet mes tribulations chez le banquier qui peine à me prendre au sérieux (jeune et femme, duh!), tente de me vendre ce qui l’arrange ou de m’emberlificoter dans les frais de gestions. Pareil pour le conseiller financier, le courtier et l’agence immobilière. En prenant ces risques moi-même, je peux mieux répondre à vos questions.

🎙️ Vous avez réclamé sur Insta un maximum de conseils pour une décrocher une augmentation salariale en CDI, Insaff El Hassini en donne déjà une partie dans le podcast Ma Juste Valeur. Mais Plan Cash veut aussi aider les free-lances et les entrepreneuses à négocier sec. Plan Cash s’attardera aussi sur les discriminations subies par mes potes confortablement payés et racisés, mais incapables de louer un appartement. Ou sur la condition économique des Miss France et des danseuses, mon pécher curieux.

D’après notre “pacte journaliste-lectrices”, vous retrouverez chaque semaine ces rubriques :

- Un conseil pratique pour mieux gérer votre argent

- Un édito économique et politique

- Un résumé de l’actualité économique qui vous concerne vous en tant que femme, en tant que jeune. Fini le cours de l’or et du papier (sauf si vous collectionnez les beaux carnets📓📒), la théorie libérale obscure de tel économiste 💲, ici vous lirez ce qui va changer votre vie – et votre porte-monnaie ! 👛

À picorer

🔎 👩🏻‍🏫 Le mot de l’éco : inflation. S’il y a UN truc à retenir en économie en ce moment, c’est la vague d’inflation qui vient. L’inflation est une hausse générale des prix des matières premières, des produits et des services. Il y a « inflation monétaire » quand les banques centrales ont remis plein d’argent sur les marchés financiers pour faire face à la crise (pour le covid par exemple). Il y a « inflation par la demande » quand la demande des consommateurs et des entreprises pour tel produit est plus forte que l’offre dans le moment à ce moment T. Du coup, les prix augmentent. C’est le cas de l’énergie, du papier et des jouets en ce moment. L’inflation était de 2,8% en France en novembre et 1,8% sur l’année 2021, d’après l’INSEE. En Europe, c’est l’inflation la plus haute depuis 30 ans ! Problème, notre pouvoir d’achat va baisser de 0,5% début 2022.

🐷 Femmes et fric. 41% des Américaines de la génération Z cherchent à se constituer une épargne pour construire leur futur financier, d’après une étude Bank of America. Contre seulement 25% des hommes. La bascule est enclenchée ! A quand la même chez les Françaises ?

💸🔮 Négociations. Fin d’année, c’est le moment d’aller voir votre patron pour demander une augmentation salariale ! Vous êtes déjà plusieurs à m’avoir posé la question, mais comment on s’y prend au juste ? L’ingénieure et coach Sarah Zitouni me répond dans cette interview.

📈 La chute. L’annonce de la circulation du nouveau variant Omicron a provoqué la chute du cours du Bitcoin et de la Bourse, le CAC40 en France. La courbe n’est toujours pas remontée. Que celles qui viennent tout juste de commencer à investir ne paniquent pas, la remontada est progressive. Pour les autres, il est peut-être temps de se lancer justement !

😭 Sans pitié. Fin novembre, Emmanuel Macron a promis la suspension des allocations chômage pour les personnes qui ne sont pas “en recherche active d’emploi”. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a annoncé “25% de contrôles supplémentaires dans les 6 prochains mois”. (Sic)

La meuf de l’éco. Justine Hutteau, la cofondatrice de la marque de déodorants et shampooings secs Respire, as des réseaux sociaux et rôle model pour les jeunes femmes, vient de sortir son bouquin de développement personnel Rêver, oser, se dépasser : 10 conseils pour prendre confiance en soi. Elle a construit sa marque et son identité numérique (107 000 abonnés sur LinkedIn) grâce à une ligne éditoriale incarnée, la transparence sur la fabrication des produits et l’association de sa communauté. Le mois dernier, elle a reçu le prix “30 under 30” du magazine Forbes et lancé sa gamme de crèmes bios dotées d’emballages rechargeables. Sa stratégie business est à lire ici.

🙋‍♀️🙋🏻🙋🏽🙋🏿🤑 Rich girls. Seulement 12% des milliardaires dans le monde sont des femmes. Parmi elles, on note Rihanna (Fenty Beauty), Whitney Wolf Herd (Bumble), la scientifique Anne Wojcicki (23andMe), Sara Blakely (des sous-vêtements Spanx) et MacKenzie l’ex-Bezos qui a donné 3 milliards de dollars à des œuvres de charité au 1er trimestre. Une belle squad.

🕵🏻‍♀️Making-of/👙les dessous de Plan Cash

Voici le pacte que je signe avec vous. Je partagerai ici le modèle économique de Plan Cash, car le premier engagement que je prends est la transparence sur la fabrication et le financement. 💸 Aujourd’hui, c’est une société d’une personne créée sous forme d’auto-entreprise. Le capital investit dans le logo, la marque, l’hébergement chez Substack, les outils en ligne comme Canva ou l’achat de la célèbre “ring light” représentent 1500 euros au total. Des petites coupures sorties de ma poche. Plan Cash est pour l’instant gratuit, car je souhaite qu’un maximum d’entre vous puisse accéder à ces informations, quel que soit son budget. Surtout si vous hésitez à payer. Mais son modèle et économique et ses partenariats pourront évoluer, je vous tiendrais au courant ici.

Soucieuse de respecter les données personnelles des utilisatrices, chaque abonné·e a dû valider activement son inscription et aucune “mailing list” n’a été récupérée en faisant un pied de nez à la RGPD. Enfin, mes informations journalistiques sont “sourcées”, vérifiées et croisées, contradictoires, pour respecter la déontologie journalistique.

👩🏻‍💻 Dernière confidence, je suis persuadée que les journalistes ne sont pas complètement neutres, même s’ils tendent vers l’objectivité. Mon point de vue est donc celui d’une jeune femme de 35 ans, diplômée de Sciences Po Grenoble, qui évolue dans les milieux intellectuels parisiens. C’est pourquoi, si le projet devient rentable, je souhaite faire appel à des journalistes free-lance et des entrepreneuses, des galériennes de la fin du mois ou des héritières pour présenter une multitude de points de vue sur l’argent et le féminisme. Mais ça ce sera seulement quand je pourrais les payer correctement.

La suite au prochain numéro…

🔎💃🏾 Tout cela revient-il à dire que je pense que les femmes sont trop différentes et qu’elles ne peuvent pas comprendre la presse économique, ni les banquiers et interlocuteurs financiers ? Certainement pas. On ne s’adresse pas à elles et on le justifie par des préjugés et des biais cognitifs. Les femmes qui parlent d’argent sont “vénales”, les femmes hétérosexuelles “vivent au crochet de leurs conjoints”, elles doivent dépenser leur oseille pour leur famille et leurs proches avant tout. Elles sont “nulles en maths” et en économie. Fatigue…

Dans le prochain volet de Plan Cash, mardi 21 décembre, on parlera donc des « biais cognitifs » sur les femmes et l’argent et du fameux livret A, la case départ de nos investissements.

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