👊N°48: Négo salariale, 10 conseils bétons et discrètes manipulations de Morgane Dion

Comment se préparer ? Quand négocier ? Les erreurs à ne pas faire et plusieurs stratégies explicitées… Et aussi: prêt à taux zéro, bas salaires et octobre rose.

Sommaire N°48

1. Négo salariale: 10 conseils bétons et discrètes manipulations de Morgane Dion

   • Comment se préparer ? Quand négocier ? Comment argumenter ? Les erreurs à ne pas faire et plusieurs stratégies explicitées…

2. Caravel, la pub utile

3. Les 4 événements de la commu

4. 🐓 À picorer

   • Les 9 actus qui TE concernent : prêt à taux zéro, bas salaires, octobre rose, cauchemar administratif, consentement à l’impôt, etc.

   • La meuf de l’éco : Saskia Fiszel.

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Léa Lejeune

Négociation salariale : 10 conseils bétons et discrètes manipulations de Morgane Dion

💪​ On lit régulièrement que si les femmes ne gagnent pas autant que les hommes à poste équivalent, c’est en partie parce qu’elles négocient moins… Mais ce n’est plus tout à fait vrai si on s’appuie sur quatre études récentes. D’après un baromètre OpinionWay de juin 2023, les femmes sont toujours moins nombreuses que les hommes à agir : 48% d’entre elles n’osent pas demander contre 28% des hommes. Et elles mettent en avant le “manque de confiance” en soi qui serait suivi d’effets. Selon une étude de l’Apec de juin 2023, parmi les cadres, les femmes sont moins nombreuses que les hommes à avoir obtenu une augmentation. Regrettable. Elles n’étaient que 54% en 2022 contre 59% chez les hommes, un écart qui monte même à 8 points pour les plus jeunes. Mais en Amérique du Nord, parfois en avance d’un train sur les questions sociétales, l’écart des demandes est en train de se résorber. D’après un rapport McKinsey réalisé sur 276 organisations aux États-Unis et au Canada, pour 100 hommes promus en 2022, seulement 87 femmes l’ont été… alors que les femmes demandent presque autant de promotions que leurs collègues de nos jours !*

Pour l’entreprise Plan Cash, je me suis associée à Morgane Dion, startupeuse et coach en négociation salariale. J’étais une des journalistes qui connaissait le mieux les écarts de salaires et discriminations en raison du genre, alors que pouvait-elle bien m’apporter ?

J’avais beau tout savoir sur la théorie… à titre personnel, je n’avais jamais brillé par une négo salariale réussie. Dans mon dernier emploi, j’ai obtenu deux augmentations en 7 ans lors de deux entretiens annuels, soit 150€ bruts mensuels seulement. Cela correspondait environ à 2% de mon salaire : pas de quoi rivaliser avec l’inflation. En matière de salaire, j’illustre donc bien le proverbe : “faites ce que je dis, pas ce que je fais !”

⭐​⭐​⭐ À l’inverse, Morgane a appris à négocier au fur et à mesure de sa carrière, passant d’un salaire bas de 1 550€ nets en 2015 à 3 400€ nets en 2021. Le tournant de sa quête personnelle date de 2019, l’année où lors d’un entretien d’embauche, on lui demande ses prétentions salariales et qu’elle balance un chiffre très au-dessus… surprenamment accepté par le DRH. C’est à ce moment-là qu’elle se rend compte de sa valeur réelle sur le marché du travail et du rapport de force en faveur des candidat.e.s sur certains postes prisés.

🤯​ Voici donc les conseils bétons de Morgane Dion, issus de lectures et d’expériences :

1. 🕵🏻‍♀️​ Que ce soit pour un nouveau poste ou à l’occasion d’un entretien annuel, une négociation de salaire se prépare en amont, ce qui passe par la recherche d’informations et le bon état d’esprit. LinkedIn, Pôle Emploi, Welcome to the Jungle, l’Apec, Cadremploi, l’Insee ou la DARES, Glassdoor, le cabinet Michael Page, Monster, Indeed ou la grille des salaires de Plancash.fr… Il ne faut négliger aucune source pour collecter les données du marché sur le salaire pratiqué à tel poste avec telle expérience. “Quand on négocie pour un nouveau job, il ne faut pas se baser sur son salaire actuel et éviter autant que possible de le donner en entretien. Car il y a de fortes chances que vous soyez actuellement sous-payée en tant que femme, vous risquez ainsi de ne jamais rattraper un niveau de salaire correct”, avertit Morgane. Elle appelle ça “le piège du salaire précédent”.

   Ensuite, il faut chercher à chiffrer, mesurer ou évaluer nos performances passées. Ne pas hésiter à demander l’appui de son ou sa manager auprès de la direction.

2. 🥊 Avant d’entrer dans l’arène, il faut avoir en tête les trois montants de notre salaire de rêve, trois bases entre lesquelles on va slalomer le temps de la négo. D’abord, le “fuck you” chiffre, c’est-à-dire celui qui correspond à notre budget mensuel minimal ou à notre salaire actuel, celui en-dessous duquel on ne peut pas descendre… même pour le job de nos rêves. Ensuite le “oh yeah” chiffre, celui qui correspond à l’augmentation que l’on pense pouvoir obtenir en réalité. Ensuite, le “hallelujah” chiffre, c’est-à-dire celui que l’on va demander en entretien, le salaire maximum dans notre secteur professionnel, celui de nos rêves les plus fous. Ce chiffre est le plus élevé, c’est celui qui active le “biais d’ancrage” dans la tête de votre interlocuteur. 

3. ⏰​ Le meilleur moment pour ouvrir une négociation n’est pas l’entretien de fin d’année. Car scoop, vous ne serez pas seul.e à y penser ! Cela s’anticipe au moins trois mois avant. À la rentrée de septembre par exemple, on peut demander à quelles conditions serait attribuée la récompense. Mais le mieux pour rentrer dans le vif du sujet reste la semaine qui suit une de vos réussites personnelles ! Si vous venez de décrocher un contrat auprès d’un client majeur, n’attendez pas pour vous lancer.

4. 🎁​ Il n’y a pas que l’argent dans la vie, il y a les avantages en nature aussi. Commencez toujours par négocier votre salaire net, car c’est sur cette base que seront calculés le chômage, les prochaines augmentations et la retraite. Mais pensez à toutes les autres manières d’obtenir une compensation : frais kilométriques, facture de téléphone, formation complémentaire, place dans la crèche d’entreprise, ordinateur de fonction, etc. Dans la fonction publique où les grilles de salaires sont fixes, l’avantage en nature est souvent plus facile à marchander.

5. ​🎯 Les augmentations individuelles sont, en moyenne, de 3%. En 2023, elles sont montées à 4,5% pour talonner l’inflation de peu. Mais les écarts de salaires injustifiés hommes-femmes à poste égal sont encore de 8%. C’est une bonne excuse pour être incisives mesdames, vous ne savez pas toujours si vous êtes victime de discrimination à votre poste*.

6. ✍️​ Toujours reboucler par écrit, par mail ou addendum au contrat de travail l’augmentation négociée et la période à partir de laquelle elle s’applique.

7. ​🧐 Quand la réponse est un “non” ferme, pensez à demander une justification rationnelle. Car les augmentations ne sont pas censées être attribuées à la tête du client ! Avec votre interlocuteur, fixez-vous un plan d’action : que devez-vous faire maintenant ? Quels objectifs concrets et chiffrés devez-vous atteindre dans les prochains mois pour toucher le jackpot au plus vite ?

8. ☠️​ Laissez tomber les arguments trop généraux ! Non, l’inflation ne sera jamais une raison suffisante pour obtenir une augmentation individuelle. Puisqu’elle touche tout le monde en même temps, elle ne vaut que pour les augmentations générales négociées par les syndicats. Vous ne serez pas non plus mieux payé.e parce que vous faites valoir des travaux de copropriété à débourser ou l’arrivée d’un nouvel enfant*. “Dans l’économie libérale et capitaliste actuelle, vous devez démontrer votre valeur au sein de l’entreprise. Et plus encore votre valeur future, justifiée par des arguments chiffrés ou des exemples d’actions concrètes”, poursuit Morgane.

9. 🤝​ Changer régulièrement de job est une stratégie alternative pour être augmenté.e. S’il est mal vu de changer d’entreprise en moins de deux ans ou trop souvent, c’est le seul moyen pour être en position de force lors du bras de fer dans des secteurs économiques en crise ou des entreprises à l’organigramme figé.

10. 💸​ Et pour les indépendant.e.s ? Morgane a aussi été free-lance, elle est donc habituée au marchandage sur des contrats ponctuels ou missions. Quand on lui dit que les tarifs semblent trop élevés, elle répond par l’anecdote suivante. “Un jour, Renoir était dans un parc, une passante le reconnaît et lui demande de la dessiner. En quelques coups de crayons, il s’exécute et tend un dessin magnifique. Combien je vous dois, demande la dame ? Il donne un prix plutôt élevé, elle s’empresse de pester. Le peintre répond : ‘oui, ce dessin m’a pris 5 minutes, mais il m’a fallu 60 ans pour en arriver là’, soit toute une vie. Au-delà de nos compétences ou titre actuel, notre expérience, notre notoriété ou notre réseau professionnel comptent tout autant pour définir notre valeur.”

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 * Now, Women Do Ask: A Call to Update Beliefs about the Gender Pay Gap.

* D’ailleurs la loi vient de changer : vous pouvez demander le bulletin de salaire de vos collègues au même poste afin de comparer. 🍾​

*À part pour les pères, dont certaines études révèlent qu’ils obtiennent souvent une augmentation à l’arrivée d’un nouvel enfant… gloups !

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*Attention, ce chiffre est calculé sur les performances passées qui n’augurent pas des performances futures. Investir comporte toujours un risque.

🎉​🥂 Ça fait des mois que vous l’attendiez, que vous la réclamiez, la grande, la belle est de retour !  La soirée Plan Cash “meufs & thunes” se déroulera le 28 novembre prochain au soir à l’Ada Tech School, Paris 10ème. Au programme, des talks argent de meufs inspirantes (Maeva de @monbudgetbento, Chloé Hermary, fondatrice de l’Ada Tech School), du networking, 3 ateliers et des speed dating avec nos partenaires adorés. Sans compter des surprises, du fun (même en parlant money, c’est la “Plan Cash touch”), de la food et des goodies. 🌮🎁 La dernière fois, on avait manqué de gourmandises, alors cette fois, on vous demande une participation aux frais de 5€ pour une soirée de qualité ! Inscriptions ici dès aujourd’hui.

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💸👩🏻‍🏫​ #InvestirDay Les Echos 2023. Léa Lejeune représentera Plan Cash lors de cette journée événement le 28 novembre de 17h20 à 17h45 et répondra à la question que vous vous posez tou.te.s : “comment rebondir après un premier investissement raté ?”

🌆​​ Prêt à taux zéro. Cette prolongation est un geste du gouvernement pour contrebalancer la hausse des taux d’emprunts dans l’immobilier. Ainsi, dès 2024, on pourra obtenir un prêt à taux zéro pour les appartements neufs en zones tendues et anciens, sous réserve de travaux, le tout sous conditions de ressources (4 100€ mensuels maximum en zones tendues et 2 400€ ailleurs). Les maisons individuelles n’y auront plus accès, au grand dam des professionnels du secteur. Les montants obtenus pourront aller jusqu’à 100 000€ et composer entre 20% et 50% du prêt total. De quoi motiver celles et ceux qui hésitent !

🐌​ Bas salaires. Si vous avez loupé le compte-rendu de la conférence sociale sur les bas salaires du 16 octobre, voici ce qu’il fallait retenir. Pour la Première ministre Élisabeth Borne, l’objectif était “que le travail paye mieux” et de “relancer la promotion sociale”. Dès le départ, le gouvernement a annoncé qu’il n’y aurait pas de revalorisation du SMIC pour éviter un tassement des revenus par le bas, ni de coup de pouce financier de l’État, qui n’a plus un rond. Il a aussi refusé la proposition de la CGT d’indexer les salaires sur l’inflation comme en Belgique.

La mesure phare est donc la mise en place d’un Haut conseil des rémunérations chargé d’améliorer l’Index égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, ou encore de pousser 56 branches pros à ne plus proposer de salaires inférieurs au SMIC. Parce que les bas salaires sont souvent ceux des femmes, Borne veut désinciter au travail à temps partiel et réformer le congé parental.

💼​ Démission silencieuse. Tenté.e par le “quiet quitting” ? La newsletter “Cdlt” a résumé les 12 étapes du désengagement professionnel progressif. Ça commence par un discret “on ne sauve pas des vies en fait”, puis par l’école buissonnière des réunions finalement dispensables, jusqu’au besoin d’isolement, aux rendez-vous médicaux calés en pleine journée ou à la fin des initiatives. Checkez où vous en êtes dans la liste pour voir si la démission n’est pas loin.

💄​ Pas propre. La cheffe de file d’ #octobrerose a déconné ce mois-ci. Selon L’Informé, l’entreprise Estée Lauder a maquillé ses finances pour mieux licencier. La cour d’appel de Paris a condamné la branche française du géant des cosmétiques pour avoir mis à la porte 7 salarié.e.s en prétextant une concurrence accrue. Un raisonnement abusif alors qu’il s’agissait surtout de délocaliser ces postes en Roumanie.

➕​🎀​✖️​ Calcul mental. La tendance “girl math” sur TikTok et les réseaux sociaux nous fatigue… Marre d’entendre que les filles ne sauraient pas compter ou tenir un budget ! Surtout que, dans le couple hétéro, c’est plus souvent les femmes qui gèrent les courses du quotidien. Morgane Dion a partagé son ras-le-bol au Huffington Post.

👯💃🏾​ Alors, on danse. C’est une nouvelle renversante au pays de Pietragalla et Millepied. Le tout premier diplôme de chorégraphe professionnel a été reconnu au niveau national. Il s’agit d’une initiative de La Fabrique de la Danse, incubateur artistique de danseurs et chorégraphes ouvert en 2015, et qui compte déjà 1000 personnes formées.

😱​📜​ Cauchemar administratif. RSA, APL ou Pôle Emploi, des millions d’allocataires doivent des sommes faramineuses à ces organismes, chaque année. Phénomène d’ampleur, il touchait un allocataire sur cinq à la CAF en 2018, rapporte Streetpress. Souvent ces erreurs ou trop perçus sont de la responsabilité des organismes… mais ce sont les bénéficiaires qui se plient en quatre pour rembourser. Ces problèmes sont causés par les algorithmes qui calculent, parfois par un manque d’infos sur les droits…

🍼​ Pauvres gosses. Depuis septembre, les crédits fédéraux accordés au secteur de la petite enfance se sont taris aux USA. Les garderies américaines sont confrontées à une pénurie de personnel et à l’augmentation des coûts. Plus de 3 millions de petits Américains pourraient perdre leur place en crèche, selon le think tank Century Foundation. Les autres devraient augmenter leur tarif… ce qui pourrait pousser certaines femmes à se retirer du marché du travail ! À New York, une place en crèche coûte en moyenne 43 000 dollars par an, selon Care.com, contre 37 000 dollars pour la moyenne nationale. Un cercle vicieux.

💰 Consentement à l’impôt. Dans cet édito, Salomé Saqué explique pourquoi c’est un problème que le gouvernement félicite le patron de LVMH Bernard Arnault pour son don de 10 millions d’euros aux Restos du cœur. Le même patron qui rechigne à payer ses impôts à titre personnel ou au titre de son entreprise, selon les “Paradise papers”, la Cour des comptes ou encore le Canard enchaîné. Comment motiver les Français.es à payer leurs impôts quand l’homme le plus riche de France les contourne par tous les moyens ? À l’inverse, les “Patriotics millionnaires” américains appellent à payer plus d’impôts pour améliorer les services publics ou l’économie mondiale : “je suis riche, taxez-moi !”

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👩🏻‍💼​🏘️​ La meuf de l’éco : Saskia Fiszel. Cette diplômée de l’ESSEC a fait ses classes chez L’Oréal, puis dans la start-up de location de biens immobiliers de luxe Onefinestay. En 2019, changement de programme, elle monte Virgil, une start-up qui co-investit avec les propriétaires particuliers pour briser le “plafond de pierre” dans les grandes villes. “96% des jeunes actifs locataires souhaitent devenir propriétaires, mais 82% d’entre eux se disent bloqués par une question de financement”, répète-t-elle à ceux qui pensent que les générations Y et Z ne voudraient pas acheter leur résidence principale... L’entreprise propose un apport à ceux qui ne peuvent pas compter sur leurs parents ou un héritage. Alors que le marché immo fait la tronche, Saskia Fiszel a levé 15 millions d’euros fin 2022 et lance Virgil dans plusieurs villes comme Lyon, Bordeaux, Marseille et Lille.