Biais cognitifs, stéréotypes sexistes, ces bêtises gâchent tes investissements
N°10 💸 Contrer les effets, investir dans les gamins ou les mères célib’, santé mentale et chômage
Sommaire N°10
👩🎓 Biais cognitifs et stéréotypes sexistes, ce qui pèse sur tes investissements
L’aversion au risque
Le mythe de la rationalité
L’aversion à la perte
L’effet Dunning-Kruger
L’effet d’ancrage
🗓️ Les événements de la commu Plan Cash
🐓 Á picorer
La meuf de la semaine
L’étude qui choque
et les 9 actus qui TE concernent
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Léa
“Le plus dur pour un.e investisseur.se n’est pas de savoir lire parfaitement le bilan d’une entreprise ou de faire des stats compliquées, ni même d’anticiper les tendances de marché. Le plus dur est de résister à ses émotions, ses idées arrêtées et aux biais cognitifs.”
🚦Longtemps la science économique a décrit l’agent économique comme rationnel, un homo œconomicus qui prend tout le temps la meilleure décision pour lui ou elle, sans être influencé par de ses émotions, utilisant son cerveau comme une machine. Mais dans les années 80, le duo d’un économiste et d’un psychologue, Daniel Kahneman et Amos Tversky, contredit l’idée de rationalité et formule celle de “biais cognitifs”.
Ces modes de fonctionnement du cerveau nous permettent de réfléchir plus vite, de prendre des décisions en hésitant moins. À l’origine, ils sont bénéfiques pour notre survie, car ils reposent sur le “système 1” de la pensée, nous permettant de prendre des décisions plus rapides. Mais comme des restes de notre cerveau reptilien, ils ne sont pas adaptés à la complexité du monde actuel, et encore moins à la gestion de nos finances personnelles.
Certains de ces biais cognitifs contribuent au renforcement des stéréotypes, d’autres ont plus d’influence sur le comportement des femmes, soumis à des décennies de conditionnement social. J’ai d’ailleurs choisi de mêler les stéréotypes sexistes ici, car tous doivent être déjoués pour prendre de meilleures décisions, plus rationnelles, en s’appuyant cette fois sur le “système 2” de la pensée, plus lent et réfléchi. Tous doivent être nuancés au regard de ce que les psychologues appellent nos “croyances limitantes”, soit notre conception de l’argent héritée du conditionnement social mais aussi familial. Tour d’horizon des biais cognitifs et stéréotypes sexistes utiles pour nos porte-monnaie.
🧗🏻 L’aversion au risque
Les études d’économie comportementale le montrent : les femmes ont une aversion au risque généralement plus forte que les hommes. Elles sont donc moins promptes à investir car, comme le dit la chanson “investir comporte des risques”, surtout sur les marchés. Mais l’aversion au risque est relative à notre culture et à notre rapport à l’argent. En moyenne, les Français sont plus gênés par le risque que les Américains qui arrivent plus facilement à l’apprivoiser. Raison pour laquelle ils gardent des milliards d’euros sur leurs livrets A et préfèrent placer leur cagnotte dans l’immobilier. Le genre n’est donc pas le seul facteur explicatif, même s'il faut se concentrer pour lever la peur du risque chez les femmes.
👓 Le mythe de la rationalité
Les hommes seraient plus rationnels que les femmes, donc forts en mathématiques ou en calcul mental, et donc en investissement. Ils seraient aussi plus détachés de leurs émotions. Ce stéréotype a la tête dure. Pourtant, il est faux. Les filles sont meilleures que les garçons en mathématiques jusqu’à la fin du lycée, et bien investir ne demande pas de compétences pointues en calcul, seulement les probabilités et le calcul des intérêts composés. Concernant les dépenses émotionnelles, les femmes ne sont pas plus touchées que les hommes : si elles iront plus facilement vers des dépenses de vêtements alors que ces derniers choisiront des engins à moteur contre la crise de la quarantaine (on force le trait !), il n’y a pas de distinction nette en nombre. Parmi les acheteurs compulsifs, il y a autant de femmes que d’hommes, soit 5 à 6% de chaque.
💜 L’heuristique de l’affect, biais selon lequel nos décisions sont influencées par notre état émotionnel et notre ressenti, n’est pas particulièrement corrélé au genre des individus. Nous sommes tous et toutes concerné.e.s à un moment.
⚖️ L’aversion à la perte
Ce biais cognitif repose sur le fait que nous ressentons la douleur de perdre deux fois plus fortement que le plaisir de gagner. Nous cherchons à l’éviter de toutes les manières possibles, quitte à prendre des risques insensés. C’est là-dessus que l’on base le refus de vendre une action en baisse, quand les analyses approfondies montrent qu’elle ne remontera pas. C’est aussi sur l’aversion à la perte que se basent les assurances automobile et anti-casse des appareils numériques. Le taux d’aversion à la perte se situe généralement entre 1,5 et 2,5. En gros, pour que le jeu en vaille la chandelle, il faut que l’on puisse gagner le double de ce que l’on est prêt.e à perdre. À l’origine c’est un mécanisme de survie, mais aujourd’hui il nous conduit à aller vers des investissements moins risqués…même quand on peut se permettre de prendre des risques, à condition de diversifier ses actifs. Pour lutter contre, il faut prêter plus d’attention aux gains potentiels.
🧐 L’effet Dunning-Kruger
Celui-ci a connu une nouvelle heure de gloire pendant la crise du Covid, où de nombreuses personnes s’estimaient aussi compétentes que les médecins ou épidémiologistes pour s’exprimer sur la maladie ou les vaccins. C’est l’excès de confiance en soi qui conduit les incompétent.e.s dans un domaine à ne pas voir les limites de leurs connaissances ou de leur savoir-faire, soit leur degré d’incompétence. On peut être tou.te.s touché.e.s un jour ou l’autre. Quand on commence à découvrir un nouveau domaine – par exemple, l’investissement – on progresse très vite au début de nos apprentissages et on a le sentiment d’être compétent.e. C’est cette confiance en soi des nouveaux joueurs qui pousse par exemple les passionnés de cryptos débutants à faire tapis et à se planter… À l’inverse, selon ce mécanisme, les expert.e.s les plus compétent.e.s sous-estiment leurs compétences en ayant conscience de tout ce qu’il leur reste à apprendre.
Mais surprise, l’effet Dunning-Kruger - et la confiance en soi du débutant - touche moins les femmes que les hommes. C’est lié à la persistance d’un syndrome de l’imposteur. C’est ce que montrent plusieurs études d’économie comportementale récentes. Les femmes ont moins confiance en leurs connaissances financières. Aux questionnaires de connaissances préalable à tout investissement, elles répondent plus souvent “je ne sais pas”, même quand elles ont la bonne réponse. La confiance compte autant que les connaissances pour expliquer leur entrée en Bourse…ou leur refus de le faire. Il n’est ainsi pas étonnant que les femmes multiplient les cours avant de se lancer sur les marchés, alors qu’un homme tradera des actions plus facilement via une application, même sans s’y connaître. Cette fois, les femmes ont raison, car cela les aide à prendre moins de risques farfelus. En moyenne, ce sont de meilleures primo-investisseuses… quand elles se lancent enfin !
⚓ L’effet d’ancrage
L’effet d’ancrage est l’un des plus simples à comprendre. En matière d’argent, il est principalement utile dans la négociation salariale. Tout bon négociateur ou négociatrice sait que le premier chiffre énoncé ou la première information partagée va ancrer durablement la négociation : le cerveau va focaliser dessus et juger chaque nouvelle proposition à son aune. C’est pour cela qu’on apprend à balancer une rémunération élevée, au-dessus de celle réellement attendue. Et qu’à Plan Cash on dit aux femmes de ne pas répondre à la question “combien gagnez-vous aujourd’hui ?” en entretien d’embauche ou de ne pas répondre par une échelle qui flouterait le message. Particulièrement utile pour celles réputées moins fortes ou moins formées à la négociation.
La meilleure façon de résister à l'effet d’ancrage est de penser contre lui, d’imaginer l’argument inverse. En finances, l’effet d’ancrage peut avoir une influence sur notre perception du cours d’une valeur que l’on ne suit que depuis quelques mois. Si on prend le Bitcoin pour exemple, cela peut donner l’impression qu’il ne va plus baisser qu’au niveau auquel on est entré… mais c’est faux.
🎯 Bien sûr, ces biais ne sont que des tendances humaines, les histoires personnelles peuvent diverger. Mais les avoir en tête, c’est mettre toutes les chances de son côté pour investir sereinement. Et si tu as aimé cette news sur les biais cognitifs, je peux la compléter avec une autre sur l’ensemble des biais cognitifs qui ont un effet sur l’investissement. Laisse un commentaire ci-dessous 👇
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🎙️ Tu es passé.e par des périodes de chômage qui t’ont déprimé.e ? Normal, il a un impact concret sur la santé mentale, d’après les travaux de Ginette Herman, psychologue sociale et chercheuse à l’Université de Louvain, que j’interviewe dans ce numéro du podcast “Point de suspension(s)”. Dans un autre épisode, le consultant Fabrice Mauléon, passe en revue des compétences de plus en plus importantes pour décrocher un emploi, les fameuses “softs skills”, beaucoup moins “tartes à la crème” que l’on croit. Intelligence émotionnelle et relationnelle, capacités de communication et d’adaptation, comment les repérer pour des RH réussies ?
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💁🏻♀️ La meuf de l’éco. “Il faut tout un village pour élever un enfant”, se plaît à répéter Tara Heuzé-Sarmini, fondatrice de la start-up Commune coliving, le premier système de colocation dédié aux familles monoparentales. Elle l’a imaginée parce que les ruptures familiales sont le principal facteur d’appauvrissement dans le monde et que les familles monoparentales perdent 30% de leur niveau de vie l’année qui suit. 80% d’entre elles sont tenues par des femmes. Les bâtiments Commune coliving proposeront des espaces privatifs meublés, des services mutualisés comme la garde d’enfants, l’assistance juridique, des grandes cuisines, etc. À 28 ans, Tara Heuzé-Sarmini termine cette semaine sa première levée de fonds auprès de business angels de renom dont 60% de femmes, mais elle est ouverte aux investisseuses débutantes en private equity à partir de 5 000€ d’apport. Diplômée de Sciences Po, des universités de Cambridge et Columbia en philosophie, finances et politiques économiques, Tara Heuzé-Sarmini a fondé en 2015 Règles Élémentaires, l’association qui lutte contre la précarité menstruelle.
👶🏽 L’étude qui choque : Avez-vous les moyens de vous payer un gosse ? La question est ironique bien sûr, mais découle d’une étude sérieuse de l’Institut Ipsos pour l’Observatoire E. Leclerc des Nouvelles consommations. Selon elle, un enfant de 0 à 3 ans coûte en moyenne 5 880€ par an, soit 490€ mensuels. Sans surprise, le premier poste de coût est de 252€ par mois pour les frais de garde. Une dépense plombante pour ceux et celles qui n’arrivent pas à obtenir de place en crèche dans les grandes villes et pour les mères célibataires. 64% des parents ont dû épargner ou emprunter pour l’occasion, car une partie d’entre eux avaient sous-estimé les dépenses. L’addition monte même à 7 084€ la première année, selon Madmoizelle. Et ça s’empire à l’adolescence ! D’après une étude de la start-up d’investissement Moneyfarm publiée dans le Marie Claire britannique, les dépenses les plus onéreuses arrivent entre 15 et 18 ans. Outre-Manche, le coût moyen d’un enfant dans une vie est estimé à 350 000€. En gros, c’est le prix d’une maison en banlieue cosy ou en province.
👩🏼🏭👩🏻🍳👩🏾🔬 Du mieux ! Il existe plusieurs chiffres pour mesurer les écarts de salaires. L’un d’entre eux porte sur les emplois du privé à temps plein, poste égal et même employeur. Chiffré jusqu’alors à 9%, il représente la discrimination pure et inexpliquée des inégalités de revenus entre les hommes et les femmes. Eh bien, d’après une étude de l’Insee de 2020 et l’avis de l’Observatoire des inégalités, il ne serait plus que de 5,7%. Champagne ? On attend de voir les effets de la crise du coronavirus d’abord…
👻 Porté.e.s disparu.e.s. Au 1er trimestre, le nombre de chômeurs et chômeuses de catégorie A a baissé de 5% en France pour retomber à son plus bas niveau depuis 2012. Les catégories A sont ceux et celles qui n’exercent aucune activité rémunérée selon Pôle Emploi. Pour les autres, la baisse est tout de même de 2,7%. Alors que 6 Français.e.s sur 10 qui ont quitté leur travail pendant la pandémie sur un coup de tête le regrettent, une coach de Welcome to the jungle explique comment s’y prendre !
💰 Instables. Nouvelle grosse chute du Bitcoin ces derniers jours, passé sous le cap des 30 000$ de valorisation, et de l’ensemble des cryptomonnaies. La Luna a chuté de façon inédite pour une des 15 leaders du secteur, jusqu’à valoir 0,11€ le 12 mai. Dans la famille cryptos, les “stablecoins” sont supposées moins volatiles et corrélées au cours du dollar pour éviter la casse et servir de refuge quand les autres cryptos se cassent figure. Mais la plus connue, la TerraUSD a rejoint les pâquerettes, emportée par la débandade de la Luna. Rien ne va plus.
🐷 Tirelire cassée. Vous connaissiez les “points conseil budget” ? Non ? Moi non plus. Il existe pourtant 500 administrations en France chargées de conseiller les familles exposées au surendettement. On y traque les “faux frais” : forfaits mobiles trop chers, assurances et abonnements inutiles. Toutes les dépenses sont passées au crible sans jugement, les prélèvements sont mensualisés et on y prépare des dossiers pour des aides sociales méconnues.
🌆 Rich porn. Le magazine Elle se penche sur les émissions consacrées à l’immobilier de luxe, de Selling Sunset Los Angeles (saison 5) sur Netflix à L’Agence, sa déclinaison française. Les ingrédients sont pourtant basiques : des BG et des belles femmes, les codes et dramas de la télé-réalité et une “logique de tourisme”. À une époque où on n’accède plus facilement à la propriété, ces émissions déclenchent un mélange de “fascination-frustration”, d’après l’expert Jean-Laurent Cassely. Elles réveillent aussi des vocations d’agents immobiliers. Tenté.e.s ?
🛠️ Exploitées. Entre 2013 et 2019, les conditions de travail des “femmes peu qualifiées” ont empiré, d’après l’Ined. Employées du commerce, des services à la personne ou techniciennes de surface, c’est la seule catégorie dont les conditions de travail se dégradent sur la durée. Les horaires décalés ont bondi de 11% sur la période. L’assouplissement du travail le dimanche met du beurre dans les épinards, mais le volontariat n’est pas toujours respecté et il occasionne des frais de garde supplémentaires. Mince espoir pour ces professions au SMIC, le salaire minimum vient d’être revalorisé de 2,65% le 1er mai et atteint désormais 1 302,64€.
👃 Argent puant. Deux chercheurs décryptent les méthodes de “green washing” utilisées par les grands fonds d’investissements comme BlackRock et Vanguard. Plus ça pue, plus ça passe.
🐶 Pixels de compagnie. Oubliez les NFT, ces œuvres d’art numériques uniques, leur lointain cousin “Tamagotchi” de retour aboie plus fort. Cette start-up française vend des animaux de compagnie à nourrir et à toiletter en nombre limité dans le métavers. Passion de riches geeks.